Les couleurs dans le tarot de Viéville

Les couleurs dans le tarot de Viéville : Le rouge et le noir

Aujourd’hui on peut trouver nombre d’éditions de jeux de tarot inspirés de la tradition du tarot de Marseille, que leurs auteurs ont dessiné selon leur goût. Un des points communs de ces éditions est d’être agréable à regarder : les couleurs sont agencées agréablement, les visages harmonieux. Ces jeux sont plaisants à voir.

Mais s’agit-il toujours de tarots cryptés ; c’est-à-dire de tarots qui contiennent un codage qui permettent d’interpréter efficacement les cartes ou simplement de tarots esthétiques dont le contenu informationnel est secondaire ?

Au commencement de mon ouvrage « Les Mystères du tarot de Viéville » j’ai souligné combien la représentation graphique du tarot de Viéville paraissait grossière et ainsi qu’il ne pouvait pas être considéré à première vue comme un tarot esthétique. En réalité, je fais la démonstration que les nombreuses approximations graphiques du Viéville sont en fait des informations.

Le codage des couleurs a l’avantage d’être plus évident. Ainsi, par exemple, quelle peut être la signification de deux jambes vertes pour le bateleur ??

Au tarot de Viéville, Le BAGA, le personnage de l’arcane I, a deux jambes noires. Inversement, on notera deux jambes rouges au Valet de denier et à plusieurs reprises on observera que les personnages ont une jambe noire et une autre rouge, ou en partie rouge et en partie noire.

Attardons-nous un peu sur cet aspect des couleurs dans le Viéville. L’opposition du rouge et du noir n’est pas une invention du Viéville. On la trouve dans des jeux de cartes antérieurs. Mais étrangement, cette caractéristique – cette information devrions-nous dire – ne se retrouvera plus dans les tarots postérieurs au Viéville.

Pourtant c’est un codage très instructif : le rouge et le noir représentent deux opposés. Le rouge symbolise l’activité, l’action, l’extériorisation, le mouvement ; le noir est la passivité, la réflexion, l’intériorisation. C’est un codage aussi simple qu’efficace.

Ainsi, des deux jambes noires du BAGA, on déduira que – contrairement à l’image qu’il en donne au-dessus de l’établi – notre homme n’est finalement pas dans l’action. Avec le Valet de denier, c’est l’inverse : non seulement il a deux jambes rouges mais en plus il a deux bras rouges ! Ne serait-il pas dans l’excès d’activité, suractif ? Remarquez ses étranges yeux.

Avec la simple opposition de ces deux couleurs, le Viéville nous offre déjà une gamme d’interprétation étendue. Admirez et comparez les jambes noires et rouges de LANPEREVR – l’arcane IIII – et celles du Roi de denier. Vous verrez comment l’un hésite et recule alors que l’autre se retient et favorise encore la réflexion avant d’agir. Dans ce dernier cas, l’information de la polarisation gauche/droite se rajoute à celle de la polarisation rouge/noir.

Le Valet d’épée est également une superbe et complexe illustration de cette opposition du rouge et du noir.

A partir de ces quelques exemples nous voyons donc que le codage des couleurs peut être très instructif. Combiné avec les multiples autres clés (les autres couleurs, l’orientation, la polarisation gauche/droite, le nom, le chiffre et sa position, les ouvertures du cadre de la carte, etc.) il nous permettra d’approcher objectivement la signification de la représentation de la carte.