On pourrait comparer une carte d’un tarot à une page d’un atlas géographique : chaque carte est une partie de la mappemonde.
En quelque sorte une carte géographique est une projection universelle de l’espace/temps condensée sur un support transportable. Pour obtenir ce résultat on demande à une carte géographique d’être précise et de donner le plus de détails possibles sur ce que nous allons rencontrer dans la direction que nous aurons retenu.
Le tarot est une mappemonde et comme représentation du monde réel, la mappemonde fourmille de détails et n’est en rien uniforme.
Voici une petite sélection qui permet de comparer la même carte d’une série de mineurs représentée à des époques différentes. De gauche à droite nous avons le tarot de Viéville (vers 1650), le tarot Dodal (vers 1700), le tarot de Madenié (1709) et le tarot Conver (vers 1760). Sur la dernière série nous trouverons aussi le tarot de Marseille Grimaud (contemporain).
Nous voulons attirer l’attention du lecteur sur la pertinence de quantifier sur chaque carte d’une série le nombre de détails qui peuvent représenter autant d’informations ; un peu comme s’il comparait deux cartes routières de marque différentes.
Ce n’est pas tant l’impression esthétique qui prime – en cela la symétrie est un faux-ami – que la cohérence globale dont on puisse tirer un sens général concret. Ainsi sur le Sept de denier du Viéville et du Dodal on peut voir que la plante centrale dessine vaguement un personnage. C’est la plante anthropomorphe que l’on retrouvera encore sur d’autres cartes.
Avec le Trois de coupe, on voit sur le Viéville et le Dodal que non seulement la carte est polarisée mais qu’en plus la plante du Viéville est sexuée !
Avec le Huit de bâton du Viéville on constate que la carte n’est pas symétrique – elle a un haut et un bas – mais qu’en plus le cadre de la carte apporte une information.
Avec le Neuf d’épée, on constate que la poignée de l’épée du Viéville est brisée – c’est gênant pour l’utiliser ! – et que l’extrémité de la lame d’épée du Dodal est « électrique ». La poignée de l’épée du Madenié est décalée et la couleur rouge déborde largement de la lame. Sur le Conver la lame est toujours visible à travers le canevas. Sur l’édition Grimaud seul ce qui peut s’apparenter à une amorce de rupture sur la lame trouble l’uniformité de cet arcane.
Avec ce petit panorama on voit que symétrie et uniformité ne sont pas l’apanage du tarot et que c’est le détail – et donc l’information – qui apporte le sens.
[contact-form]